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Libération
POUR MÉMOIRE

Niqab: Lies Hebbadj et une de ses compagnes en garde à vue

publié le 7 juin 2010 à 13h43
(mis à jour le 7 juin 2010 à 19h58)

Lies Hebbadj et Sandrine Mouleres, une de ses compagnes verbalisée pour conduite avec un niqab à Nantes, ainsi qu’un homme travaillant pour Hebbadj sont en garde à vue depuis lundi matin à la section financière de la police judiciaire de Nantes, a indiqué le parquet.

«Il y a trois personnes qui se trouvent actuellement en garde à vue», a confirmé à l'AFP Xavier Ronsin, procureur de la République à Nantes.

Outre Lies Hebbadj et sa compagne, la troisième personne en garde à vue est un homme travaillant pour le compte de Lies Hebbadj au sein d’un taxi-phone de Nantes lui appartenant, a précisé le procureur qui s’est refusé à commenter la raison de ces gardes à vues.

Il a néanmoins confirmé qu'elles avaient lieu dans le cadre de l'enquête préliminaire ouverte par le parquet de Nantes, à la demande de la préfecture de Loire-Atlantique, pour faire la lumière sur «une suspicion de relations polygames» de Lies Hebbadj et des «interrogations sur la régularité des aides sociales dont bénéficieraient plusieurs personnes de sexe féminin qui seraient en relation» avec lui.

Selon une source proche du dossier, les gardes à vues porteraient sur des suspicions d'«escroquerie, de travail dissimulé et de fraude aux aides sociales».

Lies Hebbadj «a fait l'objet d'un acharnement politique sans précédent», a dénoncé son avocat Me Aziz Ramdani, qui a indiqué qu'il «s'attendait un peu» à cette garde à vue, «suite logique de l'instrumentalisation (…) de mon client à des fins de politique politicienne».

«On le pointe du doigt, on le stigmatise et on se défoule», a-t-il estimé, «c'est devenu un véritable sac de frappe, un punching-ball sur lequel tous les fantasmes du pouvoir en place s'expriment».

L'avocat de Sandrine Mouleres a également dénoncé cette procédure. «Je viens de voir ma cliente, j'ai vraiment du mal à comprendre… Maintenant, si on conteste une contravention, on se retrouve en garde à vue?», s'est interrogé Me Jean-Michel Pollono, joint par l'AFP.

«M. Hebbadj, son amant, est aussi en garde à vue, est-ce que ma cliente ne serait pas un dommage collatéral?», a-t-il questionné.

«Je suis surpris que seule ma cliente soit en garde à vue et qu'aucune des autres femmes de M. Hebbadj ne soit en garde à vue», s'est insurgé lundi après-midi Me Pollono après avoir rencontré la jeune femme. «Je déplore le sort particulier qui (lui) est fait», a-t-il dit.

«Elle ne comprend pas pourquoi on s'en prend particulièrement à elle», a-t-il expliqué, ajoutant que la jeune femme est, selon lui, «tout à fait sereine, n'ayant rien à se reprocher et se sentant victime d'une situation».

Des perquisitions ont eu lieu lundi, notamment au domicile de Lies Hebbadj et à celui de sa compagne à Rezé (sud de Nantes), a constaté un photographe de l’AFP.

Lies Hebbadj, qui a reconnu devant la presse avoir plusieurs maîtresses, a été placé sous le feu des projecteurs en plein débat sur l’interdiction du voile intégral, quand l’une de ses concubines a décidé de contester une contravention pour avoir conduit en portant un niqab.

Le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a pris la main dans cette affaire. «Parce que la République doit faire respecter le droit des femmes, doit refuser qu'elles soient emmurées, instrumentalisées, humiliées, parce que la République doit veiller à ce que les allocations financées par la solidarité nationale ne soient pas détournées, j'avais le devoir de porter cette affaire devant la justice», avait-il alors déclaré.

(Source AFP)

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