Elle, c’est Sandrine Moulères, la conductrice voilée de Nantes. Quand elle s’était rendue à la gendarmerie en avril dernier, elle voulait « juste » contester un PV pour port du niqab au volant. Lui, c’est Liès Hebbadj, son mari polygame dont le ministre de l’Intérieur en personne Brice Horetfeux avait demandé la déchéance de la nationalité. Sandrine, devenue Jamila, a décidé d’écrire un livre-témoignage, « les Boucs émissaires de la République » (Ed. Michalon), six mois après l’affaire. « L'histoire, vous la connaissez. Ou plutôt, vous connaissez celle qu'on vous raconte dans les médias (...). De moi, de Liès, vous n'avez que l'image que l'on veut bien donner de nous et qui m'effraierait autant que vous si j'étais à votre place », dit-elle en préambule.

« Libérée » sous ce niqab  

Elle défend son mode de vie, la polygamie, et le port du voile intégral, alors que depuis une loi a été votée et validée par le Conseil Constitutionnel interdisant en France de revêtir niqab ou burqa en public. « Autant il est grave de forcer une femme à porter le niqab, autant il est grave de forcer une femme à lui enlever à partir du moment où il s’agit d’un choix personnel », explique-t-elle. « Je ne me suis pas enfermée sous ce niqab, je me suis libérée sous ce niqab et j’ai eu un sentiment de joie immense », a-t-elle confié à Europe 1. Convertie à l’islam il y a douze ans, elle a été éduquée dans la foi catholique. La jeune femme dont seuls les yeux sont visibles affirme le porter par choix personnel. Elle justifie également son choix d’être la deuxième épouse de Liès Hebbadj. « Je préfère une polygamie choisie et sincère plutôt qu'une polygamie subie et hypocrite, puisque dans notre société malheureusement on voit beaucoup d'hommes tromper leur femme », explique-t-elle à Europe 1. Car pour elle un homme fidèle relève plutôt du « miracle ».